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Que nous reste-t-il lorsque notre corps se rebute devant son principal moyen d’expression?

 

Par Josée Marquis

En ces journées où le printemps se cache derrière un voile de neige et de froidure malgré le calendrier de mai arborant un paysage ensoleillé, il se peut bien que l’on manque de voix. Pour crier son impatience de voir l’été arriver! Ou encore, parce que ces changements brusques de température nous usent le moral et le système immunitaire. Alors, nous rangeons les râteaux et les gants de jardinage le temps que cette vague de froid passe. Parce qu’elle finit toujours par passer et l’été, bien que tardif, sera fidèle au rendez-vous annuel.

Un mouchoir, svp! Les yeux larmoyants, je me sens misérable entre deux téléphones. Mais le pire dans tout ça, c’est que la voix déraille. Elle se promène entre les hautes et les basses notes, écorchée vive que l’on s’acharne à vocaliser. Jusqu’à ce qu’elle s’éteigne complètement. Qu’elle se révolte contre cette nudité humiliante qu’on lui impose! Extinction de voix. C’est la grève, c’est le silence, c’est la souffrance! Ne plus parler. Se taire complètement. Forcément.

Que nous reste-t-il lorsque notre corps se rebute devant son principal moyen d’expression? Perdre la voix, c’est subir une absence de la parole. C’est une obligation d’intériorisation épuisante. Une lutte contre la nature, une bataille à perdre le temps que le temps passe. C’est s’emmitoufler dans une solitude qui sent l’eucalyptus à plein nez. C’est un silence imposé.

Quel supplice pour une communicatrice! C’est aussi difficile que de nager à contre-courant. C’est vivre les séries cloué sur le banc des joueurs. C’est atroce… comme une journée de neige en plein milieu du printemps!