Le calendrier de l'Avent

Par Josée Marquis – Lorsque j’étais enfant, je comptais les dodos avant Noël. Et plus le décompte avançait, plus je pouvais ressentir l’excitation grimper d’un cran chaque semaine! Et tout y était pour faire monter la pression : je voyais maman préparer des tourtières (ou plutôt pâtés à la viande) ou son fameux gâteau froid (une recette à base de biscuits Village). Je voyais les cadeaux s’installer sous l’arbre… sans étiquette! Alors, c’était la guerre entre moi et mon frère à savoir à qui était dédié le plus gros cadeau. Un « Big Wheel » ou le campeur de Barbie?

Il y avait aussi le sapin… qu’on allait chercher dans le bois! Pas très loin finalement, situé derrière notre maison de campagne. Et bien souvent, le sens des proportions ne faisait pas partie de l’expédition. Papa arrivait souvent avec un sapin qui paraissait minus dans la forêt, mais beaucoup trop gros pour le salon! Ou encore, il se prenait de pitié pour le plus dégarni… qui faisait encore plus pitié avec les guirlandes et les boules de Noël trop lourdes pour ses faibles branches!

Rien qui ne s’apparente aux aventures de la famille Griswold (du traditionnel National’s Lampoon’s Christmas Vacations ou, si vous préférez, Le Sapin a des Boules), mais tout pour créer des souvenirs mémorables et… tordants! Et à cette époque, c’était zéro compromis sur l’heure des célébrations, le réveillon commençait après la messe de minuit — pas avant! La messe de 9 h existait, mais ce n’était pas la vraie messe de Noël! Alors, on attendait la messe! Il fallait faire une sieste pour patienter… mais essayez donc de dormir quand le sapin est plein de jolies boites à ouvrir et que l’excitation est à son comble! Et durant la messe, au lieu de regarder la crèche vivante, on surveillait l’aiguille de l’horloge qui nous amenait lentement… tranquillement… minute par minute… au réveillon! Et une fois rendus sur les lieux des célébrations, il fallait attendre le père Noël!

J’aurais aimé pouvoir recréer cette magie, ce fameux engouement pour le transmettre à mon fiston, mais les temps ont changé et savourer cette attente ne fait plus partie des préparatifs. La messe de minuit n’attire plus un chat, les cadeaux ne viennent plus du père Noël et il faut trouer l’agenda pour réussir à cuisiner quelques traditionnelles gâteries. Les célébrations sont un casse-tête à assembler avec la collaboration des différents partis de la famille reconstituée et ça prend un logiciel spécialisé en gestion familiale pour trouver une date susceptible de convenir à tout le monde!

Alors, que nous reste-t-il pour retrouver en soi l’étincelle qui nous poussait à compter les dodos? Un calendrier de l’avent! Un jour à la fois, chocolat par chocolat… plus une dose de caféine bien filtrée pour faire monter le pouls… et nous voilà artificiellement « crinqués » pour nous rendre jusqu’au 24. Sur ce, joyeuses fêtes et… bons chocolats!